La société italienne, Favini, a développé la fabrication de papier à
partir d'algues vertes et pourrait offrir en France une nouvelle
utilisation de ces algues dont la prolifération estivale pollue
plusieurs baies de Bretagne.
Lors d'une récente conférence de presse organisée à Roscoff, le papetier
italien Favini a annoncé avoir acheté, en 2009 et 2010, 130 tonnes
d'algues vertes provenant des côtes bretonnes pour contribuer à la
fabrication de ce papier, dénommé Shiro Alga Carta, dans son usine de
Vénétie, établie à Rossano Veneto. Cette vénérable maison, créée en
1736, a lancé ce papier en 1992, suite à une demande de la ville de
Venise qui, à l'époque, cherchait des solutions pour valoriser les
algues vertes proliférant dans la lagune ouvrant l'accès à la cité des
Doges. Favini a alors développé un concept industriel permettant de
transformer n'importe quels déchets issus de l'exploitation agricole,
agroalimentaire ou industrielle en fibres intégrées dans la fabrication
de papiers, en complément de fibres de bois. Certifié FSC, le papier
Alga Carta contient ainsi entre 30 et 80 % d'algues fraîches en
substitution des fibres de bois.
Devant la diminution des algues dans la lagune de Venise, Favini
s'approvisionne désormais hors de l’Italie et notamment en France, en
Bretagne. L'imprimerie Cloître, basée à Saint-Thonan, près de Brest, est
le premier imprimeur français à avoir décidé d'utiliser ce papier qu'il
propose désormais à ses clients pour un léger surcoût par rapport à un
papier classique.
L'entreprise travaille à 90 % avec des papiers certifiés "bonne gestion des forêts".
D'une belle facture, Alga Carta est pour cette société engagée dans le
développement durable un clin d'œil afin de prouver que les algues
vertes ne sont pas seulement une nuisance mais peuvent aussi être
valorisées. "Quand j'ai distribué ce papier aux employés, le réflexe
naturel, c'est de le sentir. Et il sent bon le papier, pas l'algue
verte", a assuré Marie-Claire Franchet, responsable communication et
marketing chez Cloître. Fin août, 53 000 tonnes d'algues avaient été
ramassées sur les plages bretonnes, selon les autorités régionales.
Le groupe Favini qui travaille déjà avec des groupes de cosmétiques de
luxe vise clairement le marché des produits de cosmétique bio.